La sclérose en plaques est la maladie neurologique la plus répandue parmi les jeunes adultes au Canada. Bien que cette maladie puisse avoir de lourdes conséquences sur la qualité de vie, de nombreux professionnels de la santé se mobilisent pour apporter aide et soutien aux personnes qui en souffrent… parmi eux, les professionnels de la physiothérapie.

Caroline Rahn, physiothérapeute, pratique depuis plus de six ans auprès de patients atteints de sclérose en plaques. Dans cet article, elle dresse un portrait de la maladie et vous en apprend davantage sur les bienfaits de la physiothérapie pour ces patients.

Trois questions pour mieux comprendre

① Qu’est-ce que la sclérose en plaques?

La sclérose en plaques est une maladie dite « auto-immune », c’est-à-dire qu’elle résulte d’une déficience du système immunitaire, qui affecte le système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Chez les patients qui en souffrent, le système immunitaire s’attaque à la gaine de myéline qui entoure les neurones du système nerveux central. Cette gaine de myéline sert à protéger les neurones, mais aussi à accélérer la vitesse de la circulation de l’information entre eux (conduction nerveuse).

L’attaque du système immunitaire déclenche une réaction inflammatoire qui détruit progressivement la myéline, causant ainsi l’apparition de multiples plaques sur le cerveau et la moelle épinière, d’où le nom « sclérose en plaques ». Avec le temps, les dommages causés à la myéline peuvent ralentir ou interrompre la conduction nerveuse.

Il existe quatre formes de sclérose en plaques. Ces différentes formes ont une incidence sur la qualité de vie des patients, mais aussi sur les traitements.

Sclérose en plaques et physiothérapie : tableau

② Quels sont les symptômes de la sclérose en plaques?

La sclérose en plaques est une condition complexe et imprévisible. Comme la maladie touche le système nerveux central, les symptômes sont très variés et peuvent altérer autant les fonctions physiques que cognitives.

  • Fatigue physique et cognitive (80 % à 90 % des personnes vont ressentir de la fatigue)
  • Troubles de la vue
  • Troubles de la mobilité
  • Douleur et faiblesse
  • Spasticité (tendance d’un muscle à être contracté)
  • Troubles cognitifs (mémoire, perception, ralentissement de la pensée, etc.)
  • Engourdissements et troubles de la sensibilité
  • Troubles de l’équilibre et de la coordination
  • Troubles de la vessie et des intestins
  • Dysfonctions sexuelles
  • Difficultés à avaler
  • Difficultés à parler et à prononcer
  • Troubles de l’humeur

La sensibilité à la chaleur: le phénomène d’Uhthoff

La sensibilité à la chaleur est une particularité de la sclérose en plaques. En effet, lorsque la température corporelle de la personne augmente (activité physique, bain chaud, fièvre, etc.), il est possible d’observer une aggravation transitoire des symptômes de la maladie. Cependant, dès que la température corporelle redescend, les symptômes se stabilisent de nouveau. Ce phénomène est appelé phénomène d’Uhthoff.

Il est important de noter que les personnes atteintes de sclérose en plaques ne ressentiront pas nécessairement tous ces symptômes. L’intensité, la gravité et l’évolution de ces derniers sont également différentes d’une personne à l’autre.

De plus, étant donné la variété des symptômes, le diagnostic de la maladie résulte de nombreux examens orchestrés par un neurologue.

③ Quelles sont les causes de la sclérose en plaques?

La ou les causes de la maladie sont encore inconnues et de multiples chercheurs se penchent encore activement sur cette question. Il est donc difficile de les définir et de donner des conseils de prévention pour limiter les risques de la contracter.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la maladie, ses symptômes et ses causes, nous vous invitons à consulter le site Web de la Société canadienne de la sclérose en plaques.

La physiothérapie: au service de la connaissance et de l’autonomie du patient 

Une équipe de choc pour un patient bien entouré

Les professionnels de la santé impliquée dans le traitement d’une personne atteinte de sclérose en plaques peuvent être nombreux (physiothérapeute et T. phys., ergothérapeute, neurologue, infirmiers, travailleur social, etc.). On parle alors d’une approche multidisciplinaire.

Cette approche permet de faire intervenir plusieurs professionnels afin d’avoir des soins adaptés à la condition de chaque patient. Les soins et l’encadrement proposés dépendent de la forme de sclérose en plaques, des symptômes, de la condition du patient, mais aussi des objectifs fonctionnels de ce dernier.

Les principaux rôles du professionnel de la physiothérapie

Au début de la maladie

Lorsqu’une personne reçoit un diagnostic de sclérose en plaques, le professionnel de la physiothérapie aura pour mission de l’informer et de l’éduquer afin qu’elle devienne une experte de sa maladie. Ce processus se poursuivra tout au long de la vie du patient.

Connaître la maladie pour mieux la gérer 
La sclérose en plaques étant une maladie très variable d’une personne à l’autre, le patient ne peut malheureusement pas se comparer aux autres personnes atteintes, même si celles-ci souffrent de la même pathologie que lui. Il doit apprendre à se connaître et à bien identifier les particularités de sa maladie afin de mieux gérer ses symptômes au quotidien.

Pour ce faire, le professionnel de la physiothérapie peut lui enseigner diverses techniques de gestion de la fatigue (principes de conservation d’énergie) et de la douleur. Il peut proposer des astuces pour prévenir les complications des poussées et des symptômes (éviter l’exposition à la chaleur, bien s’hydrater, favoriser une activité physique douce, etc.).

Connaître la maladie pour mieux l’expliquer
L’expertise que le patient développe lui permet de mieux comprendre sa maladie, mais aussi de bien expliquer ce qu’il ressent aux différents professionnels de la santé qu’il est amené à rencontrer.

Quand la maladie est avancée (atteinte modérée)

Lorsque la maladie atteint un stade plus avancé, mais modéré, le patient peut commencer à ressentir des difficultés à se mouvoir et à effectuer certaines activités quotidiennes.

Le professionnel de la physiothérapie accorde alors beaucoup d’importance à optimiser la condition physique de son patient ainsi que ses capacités fonctionnelles. L’objectif étant que le patient reste autonome et actif malgré ses symptômes. Il doit pouvoir continuer à avoir des loisirs et des activités sociales, à travailler et à se déplacer afin de maintenir un rythme de vie qui lui convient.

Pour ce faire, le professionnel de la physiothérapie travaille en équipe avec son patient afin de trouver les solutions qui s’adaptent le mieux à sa condition. Il peut lui proposer des programmes d’exercices pour améliorer sa force, sa souplesse, son endurance et son équilibre, mais aussi pour maintenir ses fonctions respiratoires. Il peut également lui proposer des aides techniques à la marche afin de préserver son autonomie.

Ces aides techniques incluent tout produit, instrument ou système technique destinés à prévenir, compenser ou soulager une incapacité. Il peut donc s’agir d’une canne, d’une marchette, d’un déambulateur, d’une orthèse ou encore d’un fauteuil roulant.

L’entourage peut également être sensibilisé à l’utilisation de ces aides techniques afin d’aider le patient dans son utilisation.

La promotion de l’activité physique: continuer à bouger!

Contrairement aux fausses croyances associées à la sclérose en plaques, l’activité physique peut avoir un effet bénéfique sur la douleur, la fatigue, la qualité de vie et certains symptômes dont souffre le patient. Pour cette raison, le professionnel de la physiothérapie va encourager son patient à rester actif tout en l’aidant à trouver une activité physique adaptée à sa condition. Le vélo, la marche, la natation sont autant d’activités qui peuvent convenir aux personnes souffrant de sclérose en plaques. Il n’y a aucun sport déconseillé à condition qu’il soit adapté au patient (exemple : prendre en considération le phénomène d’Uhthoff).

Quand la maladie est très avancée (atteinte sévère)

Lorsque la maladie atteint un stade sévère et qu’une diminution importante des capacités est observée, le professionnel de la physiothérapie concentre ses efforts à encourager l’autonomie du patient tout en assurant sa sécurité. Ainsi, l’accent est mis sur:

  • la sécurité des mouvements et des déplacements du patient,
  • la gestion de la fatigue, qui reste le symptôme le plus présent,
  • la prévention des complications dues aux symptômes,
  • la prévention des chutes.

De plus, il peut arriver que certaines poussées ou certains symptômes soient plus sévères et nécessitent une réadaptation afin que le patient puisse retrouver ses capacités fonctionnelles. Le professionnel de la physiothérapie est alors amené à aider le patient à cette étape (soulagement des contractures, des douleurs ou encore des faiblesses).

Cependant, il est important de noter que la sclérose en plaques est une maladie qui atteint le système nerveux, il est donc difficile de savoir comment le patient réagira aux traitements et à la réadaptation. Le professionnel de la physiothérapie essaiera toujours d’optimiser les fonctions de la personne dans son quotidien en lui proposant différentes solutions, dont des exercices qui peuvent être bénéfiques. Si sa perte d’autonomie est trop importante, le professionnel travaillera avec elle afin de l’aider à mettre en place ces solutions. L’objectif étant de limiter les complications de la maladie et de favoriser l’autonomie de la personne.

Physiothérapeute depuis plus de 16 ans, Mme Rahn travaille depuis 2011 à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ) et en particulier à la clinique de la sclérose en plaques et des maladies neuromusculaires. Elle a développé une réelle passion pour cette clientèle et continue aujourd’hui à soutenir activement les patients aux prises avec cette pathologie. Elle est l’une des rares professionnelles de la physiothérapie à pratiquer dans ce domaine au Québec.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.