Lors de la réception d’un diagnostic d’arthrite inflammatoire, plusieurs personnes croient qu’elles devront cesser de travailler, de pratiquer les sports et loisirs qu’elles aiment ou encore renoncer à leur qualité de vie.

Or, en 2019, il est tout à fait possible pour une personne atteinte d’arthrite inflammatoire de maintenir ses activités si elle bénéficie d’une prise en charge adéquate.

Mme Johanne Beaudoin, physiothérapeute attitrée à l’équipe de rhumatologie du CISSS du Bas-Saint-Laurent, nous présente dans cet article quelques caractéristiques de l’arthrite inflammatoire et nous expose le rôle que peut jouer la physiothérapie pour les personnes qui en sont atteintes.

Qu’est-ce que l’arthrite?

Le mot « arthrite » englobe un groupe de maladies qui affectent les articulations des membres ou de la colonne vertébrale. Dans cet article, nous aborderons plus en détail les caractéristiques de l’arthrite inflammatoire. Celle-ci est causée par un dérèglement du système immunitaire qui, pour des raisons encore inconnues, s’attaque à des cellules saines des articulations ou des structures avoisinantes, causant ainsi l’inflammation.

Il existe plus de 100 types différents d’arthrite inflammatoire. Les formes les plus communes sont la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, l’arthrite psoriasique ou encore l’arthrite juvénile.

Le saviez-vous?

La différence entre l’arthrite et l’arthrose

Bien que les termes « arthrite » et « arthrose » se ressemblent, ils ne sont pas synonymes. L’arthrose est une forme d’arthrite non inflammatoire, causée principalement par la dégénérescence du cartilage et de l’os sous-jacent. Elle survient avec l’âge, et est associée à une déficience dans le processus de réparation tissulaire. Les articulations les plus souvent touchées par l’arthrose sont les hanches, les genoux, les mains et la colonne vertébrale.

L’arthrite est une atteinte assez fréquente : un Canadien sur cinq en développera une forme dans sa vie. Des diagnostics d’arthrite inflammatoire peuvent survenir à tout âge, et peuvent atteindre presque toutes les articulations du corps. Si la maladie est diagnostiquée tôt et que les traitements adéquats sont mis en place, on peut éviter la perte de fonction et les incapacités.

Quels sont les symptômes de l’arthrite inflammatoire?

Les douleurs aux articulations sont un phénomène fréquent, qui n’indique pas nécessairement la présence d’arthrite inflammatoire. Une personne qui ressent les symptômes suivants pendant plus de six semaines aurait toutefois avantage à consulter un médecin pour un potentiel diagnostic.

  • Douleurs à une ou plusieurs articulations, présentes même au repos ou la nuit (les mains, les pieds, la colonne vertébrale, les poignets et la mâchoire sont les articulations les plus fréquemment touchées)
  • Raideur matinale prolongée (plus d’une heure)
  • Présence de gonflements aux articulations, chaleur et parfois rougeur
  • Difficulté à accomplir des tâches simples comme fermer sa main, marcher, se lever d’une chaise ou s’asseoir
  • Fatigue extrême

Avant de se rendre chez le médecin, il est important de prendre note de ce qui augmente la douleur et de ce qui contribue à la soulager. On peut aussi s’informer auprès des membres de sa famille pour savoir si certains de nos proches sont atteints d’arthrite, puisque quelques formes sont héréditaires.

Qui est davantage à risque?

Plusieurs facteurs de risque associés à l’arthrite inflammatoire ne se contrôlent pas.

Par exemple, pour la plupart des formes, le risque augmente avec l’âge. Certains marqueurs génétiques héréditaires ou non jouent aussi un rôle, tout comme le sexe – la polyarthrite rhumatoïde est plus présente chez les femmes, alors que la spondylarthrite est plus fréquente chez les hommes, par exemple.

Certains comportements peuvent par ailleurs être adoptés pour tenter de diminuer la sévérité et la progression de l’arthrite : éviter le tabagisme et faire de l’exercice régulièrement contribuent à mettre les chances de son côté.

Quels sont les traitements disponibles?

Même si l’arthrite inflammatoire ne se guérit pas, une prise en charge adéquate permet d’accompagner la personne atteinte dans la poursuite de ses activités.

Des médicaments et des traitements complémentaires sont efficaces pour maîtriser les symptômes de cette maladie et leurs conséquences. De plus, l’intervention d’une équipe interdisciplinaire qui inclut un professionnel de la physiothérapie, mais aussi un rhumatologue, une infirmière, un ergothérapeute, un psychologue et un travailleur social peut permettre à la personne atteinte d’être mieux outillée pour comprendre et gérer sa maladie.

Il est à noter que lorsque l’arthrite n’est pas traitée, l’inflammation peut endommager les articulations de façon permanente ou même atteindre certains organes. Il s’agit toutefois d’un phénomène de plus en plus rare de nos jours, puisque les traitements actuels sont efficaces. Ils se divisent en deux grandes catégories : les traitements pharmacologiques et non pharmacologiques.

Les traitements pharmacologiques

Selon les résultats qu’il obtiendra après son examen et l’analyse des tests diagnostics réalisés, le médecin pourra prescrire des médicaments à un patient atteint d’arthrite. Ceux-ci peuvent inclure des anti-inflammatoires, de la corticothérapie, des agents de rémission ou tout autre traitement pour soulager la douleur et éviter les dommages articulaires.

Les traitements non pharmacologiques : le rôle du professionnel en physiothérapie

Plusieurs traitements non pharmacologiques peuvent également être mis en œuvre pour faciliter l’autogestion de la personne atteinte. C’est ici qu’interviennent d’autres spécialistes, comme le professionnel en physiothérapie.

Selon les données issues des équipes de recherche sur l’arthrite, les interventions en physiothérapie sont recommandées pour permettre aux gens de mieux connaître leur maladie, de diminuer la douleur, de contrôler l’enflure, d’améliorer leur mobilité articulaire, d’augmenter leur force, leur contrôle et leur endurance musculaire.

Ces améliorations permettent ultimement un meilleur accomplissement des activités quotidiennes, du travail, des loisirs et des sports.

Le professionnel de la physiothérapie effectue d’abord une évaluation détaillée de la condition de la personne atteinte. Par la suite, il préconise une approche multimodale, c’est-à-dire qu’il conjugue plusieurs types d’interventions :

  • Enseignement de divers principes de gestion de la douleur
  • Réalisation de techniques manuelles variées
  • Application de modalités antalgiques (thermothérapie, électrothérapie)
  • Accompagnement dans la reprise de l’activité physique
  • Enseignement et correction d’exercices personnalisés
  • Enseignement et correction de postures pour soulager la douleur
  • Essai et ajustement d’auxiliaires à la marche au besoin

« Les gens arrivent parfois démunis, en arrêt de travail, incapables de faire leurs activités quotidiennes. Progressivement, nous les accompagnons afin qu’ils retrouvent leur autonomie et redeviennent pleinement fonctionnels », souligne la physiothérapeute Johanne Beaudoin.

Quelques mythes sur l’arthrite

Plusieurs mythes circulent à propos de l’arthrite. En voici quelques-uns, analysés par Mme Beaudoin.

1.  Une personne atteinte d’arthrite est très limitée dans ses activités

  • FAUX. Avec une bonne prise en charge ayant pour but de stabiliser sa condition, une personne atteinte d’arthrite peut mener sa vie normalement et poursuivre ses activités.

2.  Il est préférable de bouger le moins possible lorsqu’on présente de l’arthrite

  • FAUX. Au contraire, le mouvement est bénéfique et contribue à diminuer la douleur, à maintenir la mobilité, la force et la fonction. Comme c’est le cas pour la population générale, on recommande aux gens avec un diagnostic d’arthrite de faire 150 minutes d’activité physique par semaine (natation, vélo, marche, raquette, etc.).

3.  Un bon exercice doit faire mal

  • FAUX. La phrase « no pain no gain » (pas de progrès sans douleur) n’est assurément pas une philosophie à adopter lorsqu’on est atteint d’arthrite. Une hausse de la douleur est un signal qu’il est plus sage de ralentir ou d’arrêter l’exercice.

À retenir :

La physiothérapie peut vous aider grandement à maintenir ou à reprendre les activités que vous désirez malgré l’arthrite inflammatoire.

Plusieurs ressources

L’arthrite étant une atteinte répandue dans la population, plusieurs ressources existent pour explorer le sujet. Le site internet de la Société de l’arthrite contient notamment une foule d’informations et de ressources à ce propos.

Vous pouvez également vous informer auprès de votre centre hospitalier pour savoir si un groupe de soutien est actif dans votre région. Après tout, 20 % de la population est concernée par ce problème; mieux vaut en parler!

Johanne Beaudoin est physiothérapeute en milieu hospitalier depuis 1986. Elle travaille dans l’équipe de rhumatologie du CISSS du Bas-Saint-Laurent depuis 2008. En plus de suivre des formations complémentaires spécifiques à ce domaine, Mme Beaudoin a participé à un projet de recherche sur l’interdisciplinarité auprès de la clientèle atteinte de polyarthrite rhumatoïde. Elle est également intervenante-pivot pour le programme interdisciplinaire de prise en charge de l’arthrose au sein du CISSS et collabore comme chroniqueuse à la page Facebook du Groupe de Bas-Saint-Laurent arthrite/arthrose (GSBSLAA).

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.