L’isocinétisme est une pratique encore peu connue du grand public. Pourtant, elle s’avère être un outil précieux quand on parle de prévention ou de soins à la suite d’une blessure musculaire. Cette technique permet d’analyser le comportement d’un groupe musculaire en mouvement en se basant sur des données fiables de force, de travail, de puissance ou encore d’endurance. Ces données sont recueillies à l’aide d’un appareil équipé d’un dynamomètre couplé à un système informatique spécialisé. Les informations obtenues sont ensuite analysées et comparées afin d’établir un bilan de la condition du patient.

Cette pratique a fait son apparition vers la fin des années 50 en Europe et au début des années 80 en Amérique. Actuellement, au Québec, très peu de cliniques utilisent cette technologie à cause des coûts élevés qu’engendre l’achat du dynamomètre. L’isocinétisme est toutefois présent dans quelques hôpitaux, mais on la retrouve davantage au niveau de la recherche.

C’est pourquoi, en 2012, le physiothérapeute clinicien François Cabana a initié le centre d’expertise isocinétique (C.E.I.) en collaboration avec le département des techniques de réadaptation physique et le centre de l’activité physique du Cégep de Sherbrooke. Le C.E.I. permet actuellement aux cliniques de physiothérapie ainsi qu’aux hôpitaux en région de profiter de cette technologie à des coûts plus accessibles.

Pierre-Yves Lauzon, que l’on peut voir dans la vidéo ci-dessous, est technologue en physiothérapie à la clinique de physiothérapie du Cégep de Sherbrooke et assistant de laboratoire au département des Techniques de réadaptation physique du Cégep de Sherbrooke, en plus d’être assistant du laboratoire isocinétique au département de physiothérapie de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’université de Sherbrooke et au Cégep de Sherbrooke. Il a joint les rangs du C.E.I. afin de développer ce projet novateur, proposé par François Cabana. Dans ce billet, il nous informe sur les avantages et les particularités de cette pratique.

En quoi consiste un bilan isocinétique?

L’isocinétique sert à recueillir des données par l’intermédiaire de l’utilisation d’un dynamomètre (relié à un ordinateur). Ce dernier permet de mesurer plus de 20 paramètres, dont la force et la vitesse de mouvement exécutées par le muscle. Dans les cas de déficits, il permet d’obtenir des données fiables sur la condition. Celles-ci sont ensuite comparées aux données provenant des lectures scientifiques afin d’effectuer un bilan précis de la situation ou de l’évolution de la personne.

Généralement, l’intérêt des bilans isocinétique ne se présente pas au début du traitement en physiothérapie, mais davantage durant le processus de réadaptation afin de valider la progression et d’orienter les prochaines étapes de la réadaptation.

Pourquoi avoir recours à l’isocinétisme?

Au C.E.I.,  l’isocinétisme est principalement utilisé dans la prévention des blessures musculaires, l’évaluation spécialisée du processus de réadaptation d’une pathologie ou encore dans l’entraînement spécialisé d’un groupe musculaire. 

La prévention

En ce qui a trait à la prévention, l’isocinétique est une pratique complémentaire aux tests effectués par le professionnel de la physiothérapie au préalable et n’est pas nécessairement spécifique à une blessure. Elle permet d’obtenir des données plus fiables afin d’identifier les déficits et déséquilibres musculaires non apparents lors des tests préliminaires. Ainsi, les professionnels du C.E.I. peuvent recommander des exercices de prévention adaptés spécifiquement à la personne.

L’évaluation spécialisée

L’évaluation spécialisée dans un processus de réadaptation d’une pathologie est l’utilisation la plus commune. Elle permet d’effectuer un bilan musculaire précis en vue de détecter les déficits musculaires à la suite d’un suivi en physiothérapie pour une blessure (ex. : tendinite, déchirure musculaire, opération du genou, de l’épaule ou encore de la cheville, entorse répétée de la cheville). Suite au bilan, l’analyse des données permet d’orienter les interventions en fonction des déficits ciblées, d’établir des rapports de progression complets et d’optimiser la réadaptation de la personne.

L’entraînement spécifique

Une fois le déficit identifié par l’intermédiaire du test isocinétique, un entraînement spécifique débute. L’appareil permet alors de renforcer le muscle dans tout son mouvement à vitesse constante, ce qui rend les exercices plus efficaces et plus fiables. Ensuite, le bilan est refait pour officialiser la disparition du problème.

Il est important de souligner que le test isocinétique ne permet pas d’établir un diagnostic de blessure, mais plutôt de connaître les répercussions fonctionnelles de celle-ci.

Quels sont les avantages de l’isocinétique?

Cette pratique comporte de nombreux avantages pour le physiothérapeute et son patient. Voici la liste de ces principaux intérêts:

  • Détecter des déficits musculaires, qui ne sont pas toujours perçus lors des tests fonctionnels ou conventionnels en physiothérapie.
  • Aller plus loin dans la rééducation du muscle afin d’assurer la meilleure réadaptation possible.
  • Établir un entraînement spécifique et spécialisé à un sport.
  • Obtenir un entraînement de haute vélocité.
  • Augmenter la coordination musculaire.
  • Obtenir un travail musculaire maximal (100 % sur toute l’amplitude du mouvement) à la vitesse du travail demandé.
  • Identifier les répercussions fonctionnelles de la lésion.

Les contrindications

L’isocinétisme est tout indiqué dans le cas de blessures qui affectent la condition musculaire des membres supérieurs ou inférieurs (entorse, déchirure, chirurgie, etc.).

Toutefois, à cause de l’effort soutenu, cette technique est contrindiquée pour les personnes suivantes :

  • Personnes ayant une condition cardiovasculaire ou neurologique instable
  • Personnes souffrant d’une condition inflammatoire aiguë ou encore d’ostéoporose
  • Femmes enceintes

Exemples d’exercices isocinétiques

Références

Afin d’obtenir plus de renseignements sur l’isocinétisme, voici quelques références supplémentaires :

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