L’arthrite chronique juvénile, dite arthrite idiopathique juvénile (AIJ), est une maladie qui touche un enfant sur mille au Canada. Véritable source d’inquiétude pour les parents, il est pourtant possible aujourd’hui pour les enfants de bien vivre avec cette maladie.

Anny Condé est physiothérapeute depuis plus de 25 ans à l’hôpital Sainte-Justine. Elle côtoie depuis toutes ces années des enfants atteints de ce mal et les voit reprendre progressivement leurs activités et devenir des adultes épanouis.  

L’arthrite chronique juvénile en quelques mots

L’arthrite chronique juvénile est une maladie inflammatoire qui touche les enfants de 16 ans et moins. On la rencontre chez les garçons et les filles, mais ces dernières sont touchées quatre fois plus souvent par cette problématique.

Cette maladie auto-immune dérègle le système immunitaire, qui s’attaque alors aux tissus sains des différentes parties de l’organisme au lieu de les protéger. Dans le cas de l’arthrite chronique juvénile, ce sont les articulations qui sont touchées. Bien que cette problématique soit répandue, ses causes sont encore méconnues ; certains facteurs génétiques, infectieux et immunologiques semblent cependant y être associés.

Le saviez-vous?

Il existe plusieurs catégories d’arthrite chronique juvénile

Si vous avez effectué des recherches sur cette maladie, il est possible que vous ayez entendu parler de plusieurs types d’arthrite chronique juvénile comme l’arthrite systémique ou encore la polyarthrite. Il est important de savoir que toutes ces appellations se rapportent à l’arthrite juvénile idiopathique.

Cependant, afin de faciliter les recherches, mais également pour favoriser les traitements, l’arthrite chronique juvénile a été classée en sept catégories. Ces dernières permettent de discerner les différentes formes de la maladie et ses caractéristiques. Ainsi, certaines formes seront plus fréquentes chez les garçons que chez les filles, elles se déclencheront à un âge plus ou moins avancé et elles seront plus ou moins graves.

Les différentes formes d’arthrite chronique juvénile: l’arthrite systémique, l’oligoarthrite, la polyarthrite avec facteurs rhumatoïdes positifs, la polyarthrite sans facteurs rhumatoïdes, l’arthrite psoriasique, l’arthrite avec enthésite et l’arthrite indifférenciée.

Est-ce que mon enfant souffre d’arthrite chronique juvénile?

Les symptômes de l’arthrite chronique juvénile sont souvent difficiles à identifier chez les jeunes enfants, mais aussi les adolescents. Généralement, l’on remarque des douleurs, des articulations gonflées, des zones de chaleur, une limitation des mouvements ou encore une faiblesse musculaire. Les raideurs matinales, bien que souvent perçues comme banales, peuvent également être un symptôme important.

Il est important de mentionner que ces symptômes doivent durer plus de six semaines avant d’être associés à l’arthrite juvénile.

Chez les enfants en bas âge, les symptômes de cette maladie sont difficiles à interpréter et à identifier rapidement. De plus, l’arthrite étant une maladie irrégulière, les symptômes peuvent être plus ou moins constants. L’enfant peut boiter, refuser de se mouvoir ou de jouer, avoir une baisse d’énergie ou encore des changements d’humeur.

Du côté des adolescents, les symptômes peuvent également être difficiles à identifier, car ils sont souvent associés à d’autres problématiques. Les douleurs ou raideurs articulaires dont souffrira l’adolescent seront souvent interprétées comme des douleurs de croissance ou encore des blessures dues aux nombreuses activités qu’ils pratiquent.

Bon réflexe

Si vous constatez que votre enfant bouge moins ou semble ressentir des douleurs lorsqu’il effectue ses activités quotidiennes (descendre des escaliers, marcher, rester debout, s’asseoir, etc.) et que ces douleurs persistent pendant plus de six semaines, il est recommandé de consulter un médecin de famille ou un pédiatre.

Votre enfant a reçu un diagnostic d’arthrite chronique juvénile: ne perdez pas espoir!

Même si l’arthrite chronique juvénile est une maladie qui ne se guérit pas, il est tout à fait possible de vivre confortablement en la gardant en rémission. Mme Condé est d’ailleurs très optimiste quant à la qualité de vie de ses patients et se veut rassurante quant à leur avenir. Grâce aux avancées en matière de médication, le quotidien des enfants est grandement amélioré et il n’est pas rare qu’ils puissent reprendre entièrement leurs activités.

Cette médication agit au niveau de l’immunité de l’enfant et permet de stabiliser sa situation à long terme. Certains parents constatent rapidement des améliorations et il arrive souvent à Mme Condé d’entendre « il est plus heureux, il recommence à jouer et nous retrouvons notre enfant! ».

Si les nouveaux traitements ont fait leurs preuves auprès de nombreux enfants, il faudra toutefois attendre encore quelques années avant de se prononcer sur leur efficacité à très long terme. Néanmoins, les résultats actuels apportent un espoir aux enfants et à leurs parents.  

Arthrite chronique juvénile et physiothérapie: continuer à bouger

Une fois qu’un enfant a reçu le diagnostic d’arthrite chronique juvénile et que sa médication lui a été prescrite, il est souvent orienté en physiothérapie. Le professionnel de la physiothérapie aura alors un rôle dans la prévention des symptômes aussi bien que dans l’amélioration de la qualité de vie. Son objectif sera de diminuer au maximum l’inflammation afin d’éviter des répercussions sur les articulations et les os.

Il pourra intervenir sur la douleur, l’amélioration de l’amplitude articulaire et le renforcement musculaire. Tout en s’adaptant à son patient, le professionnel de la physiothérapie prescrira plusieurs exercices simples, faciles à réaliser au quotidien. Il donnera également de précieux conseils aux parents.

De plus, le professionnel de la physiothérapie recommandera à l’enfant de pratiquer une activité physique. En effet, contrairement aux croyances populaires, l’arthrite chronique juvénile n’est pas synonyme de sédentarité. Au contraire, le fait de rester actif permettra à l’enfant d’améliorer son amplitude articulaire et sa force musculaire, ce qui aura un impact sur la douleur. L’activité devra simplement être adaptée à l’enfant et à son état de santé.

En période de crise (épisode de douleur), le professionnel aura tendance à réduire les activités du jeune, mais il l’encouragera à reprendre progressivement ces dernières une fois que le jeune sera stabilisé. Afin de réduire les raideurs matinales, il préconisera des bains d’eau chaude le matin, qui aideront les muscles à se réchauffer.

Quel est le meilleur sport pour l’enfant souffrant d’arthrite chronique juvénile?

Les sports les plus recommandés pour les enfants souffrant d’arthrite chronique juvénile sont les sports d’eau (natation, aquaforme, aquastretching, etc.) et les sports sans impact comme le vélo.

Cependant, il est important de prendre en compte l’impact psychologique et de ne pas empêcher un enfant de pratiquer une activité qu’il aime et qu’il avait commencée avant de souffrir de cette maladie. Mme Condé recommande alors d’ajuster l’activité à la condition de l’enfant et d’adapter sa fréquence en fonction de sa tolérance.

En conclusion, l’arthrite chronique juvénile est une maladie qui n’est pas des plus simples à gérer, tant pour l’enfant qui en souffre que pour ses parents. Cependant, il est important de se rappeler que les avancées scientifiques permettent aux enfants d’avoir une meilleure qualité de vie et de continuer à pratiquer des activités qui les stimulent et les rendent heureux.

Anny Condé est physiothérapeute à l’hôpital Sainte-Justine depuis plus de 25 ans. Elle travaille auprès des enfants atteints d’arthrite chronique juvénile et des enfants atteints de cancer depuis toutes ces années. Elle donne également des cours en pédiatrie sur l’arthrite juvénile à l’université.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.