À l’occasion du mois de la physiothérapie, l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ) met en lumière la variété des milieux de soins dans lesquels la physiothérapie peut offrir une aide déterminante aux patients. Entretiens avec des physiothérapeutes et des technologues en physiothérapie qui illustrent à quel point être au bon endroit, au bon moment, fait toute la différence pour la population.

Entretien avec Stéphanie Paquin, technologue en physiothérapie offrant des soins à domicile

Diplômée du cégep Marie-Victorin en 1999, Stéphanie Paquin amorce sa carrière de technologue en physiothérapie (T. phys.) en clinique privée, avant d’exercer en milieu public, où elle découvre l’univers des soins à domicile. C’est un véritable coup de cœur, si bien qu’en 2012, elle fonde sa propre clinique de soins à domicile, qui compte aujourd’hui une vingtaine de thérapeutes (professionnels de la physiothérapie, ergothérapeutes, etc.).

À quoi ressemble une journée dans votre clinique de soins à domicile?

Mon rôle est de coordonner tous les suivis avec l’équipe et de répondre aux questions des nouveaux patients. Parfois, les personnes nous appellent parce qu’elles sont en douleur et souhaitent être vues, mais elles ne savent pas trop qui consulter. Je cible alors le besoin de cette personne pour l’orienter vers le bon service et la bonne ressource. Si je n’offre pas le service dont elle a besoin, je la dirige au bon endroit, par exemple vers son médecin ou un autre professionnel de la santé. Lorsqu’il y un cas complexe en physiothérapie qui nécessite l’intervention de plusieurs membres de l’équipe ou une coordination avec le CLSC, je m’implique plus profondément dans le dossier.

J’ai de la chance: je baigne encore complètement dans la physiothérapie et je suis entourée d’une équipe solide!

Stéphanie Paquin, T. phys.
Stéphanie Paquin, T. phys., présidente fondatrice de Santé Physio à domicile et coordonnatrice clinique.

Qui sont les patients des soins à domicile en physiothérapie?

C’est une clientèle variée, mais les personnes âgées en perte d’autonomie ou souffrant de douleurs ou de conditions orthopédiques, comme un nerf sciatique douloureux, constituent 60 % de ma clientèle.

Certains patients ont fait un AVC, d’autres sont atteints de maladies comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson. Pour eux, se déplacer peut être ardu et peut nécessiter beaucoup d’énergie. Chez eux, ils sont plus en forme pour faire leurs exercices. On les aide ainsi à conserver leur autonomie à domicile.

Nous traitons aussi de jeunes adultes accidentés de la route avec de multiples fractures et des femmes enceintes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui viennent d’accoucher et souhaitent être suivie à domicile.

Depuis le début de la pandémie, nous avons une nouvelle clientèle de travailleurs adultes. Ce sont des télétravailleurs qui ont parfois des douleurs aux épaules, parfois des douleurs cervicales, et qui maximisent leur temps en recevant le professionnel de la physiothérapie à la maison sur l’heure du lunch, par exemple.

Les soins à domicile font appel à quelles forces chez un professionnel de la physiothérapie?

Dans mon domaine, il faut développer sa capacité à bien cerner le besoin du patient dans tous ses aspects et à bien analyser le soutien dont il a besoin. Avoir pu exercer dans différents milieux, que ce soit en cliniques externes, en soutien à domicile ou encore en CHSLD, m’a aidée à acquérir une vision globale des besoins, à anticiper les problématiques qui peuvent affecter les patients et à réfléchir aux moyens de les éviter.

Qu’est-ce qui est le plus motivant dans les soins à domicile en physiothérapie?

Ce qui motive l’équipe, c’est d’avoir du temps de qualité avec nos patients. En traitant cinq patients par jour, à leur domicile, ils établissent une belle relation de confiance et ont le temps d’approfondir les suivis. Ce qui nous motive au plus haut point, ce qui nous rend fiers, c’est de voir qu’une personne regagne en qualité de vie grâce à nos interventions!

Je me souviens d’une personne âgée qui était en résidence autonome. Son transfert en CHSLD était envisagé parce qu’elle faisait des chutes et qu’elle avait des difficultés à se rendre à la salle de bain et à la salle à manger. C’est à ce moment que nous avons démarré nos interventions en physiothérapie. En l’espace d’un mois, grâce aux exercices qu’elle a effectués avec notre équipe, cette personne a fait des progrès fulgurants. Elle a même repris la marche, au point d’être capable de faire des sorties! Un an après notre intervention, elle vivait encore dans sa résidence autonome. Pour nous, c’est une belle victoire de l’avoir aidée à demeurer dans son milieu de vie.