En matière de football universitaire, le championnat le plus prestigieux au Canada est sans contredit la Coupe Vanier. Il oppose les deux meilleures équipes universitaires de football au pays dans un match sans lendemain et où l’intensité atteint son paroxysme. Or, le risque de blessure devient assez élevé dans ce genre de match ultime.
Gilles Courchesne, physiothérapeute et coordonnateur médical pour le Rouge et Or de l’Université Laval, a jusqu’à maintenant participé à huit finales de la Coupe Vanier au cours des onze dernières années. Habitué aux évènements sportifs de grande envergure, il explique le déroulement d’une telle compétition du point de vue d’un physiothérapeute et donne quelques conseils précieux de prévention.
Le football, un sport dangereux?
Compte tenu de la nature même du football (où les contacts violents et répétitifs sont à la base du jeu), il est tout à fait normal d’observer un nombre important de blessures chez les athlètes pratiquant ce sport. Gilles Courchesne mentionne que sur l’ensemble des disciplines sportives du Rouge et Or, 50 % des blessures proviennent du football. Pourtant, les joueurs de football ne représentent que 18 % des athlètes de l’Université Laval. Il est toutefois important de noter qu’il y a peu de blessures graves (mettant en danger la vie des athlètes), il s’agit, dans la majorité des cas, d’entorses et de lésions ligamentaires.
Le rôle de l’équipe médicale au sein du Rouge et Or
L’équipe médicale de l’équipe de football du Rouge et Or est composée de:
- 1 médecin (sur l’équipe depuis 16 ans),
- 1 chirurgien orthopédiste (sur l’équipe depuis 18 ans),
- 1 physiothérapeute du sport (sur l’équipe depuis 15 ans),
- 1 coordonnateur médical (Gilles Courchesne, sur l’équipe depuis 18 ans)
- 4 étudiants.
Bien que l’équipe médicale joue plus d’un rôle auprès des étudiants/athlètes du Rouge et Or, son rôle principal consiste à:
- faire passer les tests médicaux aux joueurs invités au camp de recrutement pour la première sélection;
- procéder au bilan complet de santé de chaque joueur pour un meilleur suivi;
- intervenir sur le terrain en cas de blessures;
- travailler à la prévention et la réadaptation des blessures par différents programmes d’exercices;
- effectuer la gestion des blessures, prendre les décisions finales relatives à la condition de l’athlète (l’équipe médicale peut décider de retirer un joueur blessé du jeu, même contre son propre gré).
D’ailleurs, pour ce dernier point, Gilles Courchesne précise que le rôle le plus important de l’équipe médicale est d’établir les limites. Le bien-être et les études des joueurs passent avant tout!
Comment prévenir les blessures au football?
Dans un contexte comme celui de la Coupe Vanier:
- l’entrainement physique diminue en volume pour faire place à l’entrainement tactique, dans les semaines précédant le match. On tente d’éviter la fatigue musculaire, les blessures, etc.;
- l’équipe médicale effectue toutes les interventions nécessaires durant la période préparatoire, de manière à ce que tous les joueurs puissent être sur le terrain au meilleur de leur forme;
- les intervenants doivent être prêts à toute éventualité, car l’intensité durant le jeu augmente considérablement et multiplie les risques de blessures.
C’est pourquoi l’équipe médicale fait souvent une différence, car les intervenants travaillent assidument afin de réadapter et préparer les joueurs pour le match ultime. L’équipe s’en trouve donc plus forte. Pour l’équipe médicale, il est plus simple de prévenir que de guérir. Les intervenants préfèrent nettement voir les joueurs sur le terrain plutôt qu’à l’infirmerie.
Pour bien préparer les joueurs à la saison ainsi qu’aux séries éliminatoires, l’équipe médicale travaille à l’année avec un préparateur physique. Afin de réduire au maximum les risques de blessure, on met davantage l’accent sur les exercices de proprioception. La proprioception est la faculté du système nerveux à détecter la position du corps dans l’espace. En entrainant la proprioception du corps, l’équipe travaille à prévenir les blessures chez l’athlète.
En effet, bien que les exercices de force et de souplesse jouent un grand rôle préventif, le manque de proprioception est l’une des principales sources de blessures au football. Les exercices spécifiques sont donc essentiels. En voici quelques exemples:
Comment gérer une blessure?
Même avec toute la prévention et le meilleur équipement au monde, il est impossible d’éliminer complètement les blessures. Lorsqu’un incident survient et qu’un joueur est retiré du terrain pour cause de blessures, l’équipe médicale doit alors agir avec pragmatisme et prendre des décisions réfléchies. Gilles Courchesne mentionne que même s’il est un fervent partisan du Rouge et Or, il ne doit en aucun cas se laisser emporter par les émotions et doit poser un diagnostic rationnel.
Alors que l’excitation du moment peut rendre irrationnel, surtout lors d’un match aussi grandiose que celui de la Coupe Vanier, il est important de se rappeler que les joueurs impliqués sont avant tout des étudiants et non pas des athlètes professionnels payés pour performer.
En cas d’incidents, l’équipe médicale détermine s’il s’agit simplement d’une douleur ou d’une blessure. Si celle-ci juge que le joueur peut retourner sur le terrain sans danger, l’équipe peut:
- ajuster l’équipement (ex: ajouter une genouillère);
- effectuer un bandage;
- exécuter certains étirements ou certaines mobilisations pouvant aider à diminuer la douleur.
Pour les blessures plus sérieuses, le joueur est mis à l’arrêt complet et peut même être dirigé vers d’autres professionnels de la santé. Par la suite, il entre en période de réadaptation.
Gilles Courchesne rappelle que dans une situation intense comme celle de la Coupe Vanier, l’important pour les intervenants est de garder en tête qu’il ne s’agit que d’un sport, et qu’il serait dommage qu’un joueur traine les séquelles d’une blessure une fois sa courte carrière terminée. Voilà pourquoi il prime, pour l’équipe médicale, de protéger les jeunes avant de gagner un championnat. Et quand l’équipe médicale parvient à faire les deux à la fois, comme c’est le cas avec le Rouge et Or, elle a de quoi être fière d’elle!
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