À l’occasion du mois de la physiothérapie, l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ) met en lumière la variété des milieux de soins dans lesquels la physiothérapie peut offrir une aide déterminante aux patients. Entretiens avec des physiothérapeutes et des technologues en physiothérapie qui illustrent à quel point être au bon endroit, au bon moment, fait toute la différence pour la population.

Rencontre avec Frédérique Daigle, physiothérapeute traitant des patients atteints de COVID longue

Diplômée en technique de réadaptation physique en 2012 et en physiothérapie en 2016, Frédérique Daigle détient également une maîtrise en recherche clinique depuis 2020. Physiothérapeute à la clinique universitaire de réadaptation de l’Estrie (CURE), elle est également coordonnatrice de recherche à l’Université de Sherbrooke, où elle a notamment développé une expertise scientifique dans le domaine de la COVID longue.

Dans quel milieu exercez-vous la physiothérapie?

J’exerce dans une coopérative de soins qui offre des services d’ergothérapie et de physiothérapie pour des problématiques diverses comme des douleurs chroniques ou des conditions neuro-musculosquelettiques. Nous y avons aussi développé une offre de service spécifique pour les personnes atteintes de COVID longue. Je dirais qu’environ 90 % de ma clientèle actuelle en est constituée.

Frédérique Daigle, pht
Frédérique Daigle, pht, a développé une expertise scientifique dans le domaine de la COVID longue.

Comment l’idée de traiter les patients atteints de COVID longue vous est-elle venue?

En 2020, l’équipe de Simon Décary de l’Université de Sherbrooke, au sein de laquelle je suis coordonnatrice clinique, a lancé un projet qui visait la COVID longue. À la fin du projet, nous avons constaté que beaucoup des patients avaient encore des besoins et nous avons émis l’hypothèse que beaucoup d’autres n’avaient peut-être pas accès à des services.

Au fil des deux dernières années, mes activités de recherche ont été majoritairement axées sur la recherche liée à la COVID longue. Je possédais donc une certaine expertise. C’est pourquoi une collègue ergothérapeute et moi avons développé une offre de service consacrée à cette condition dans la clinique où nous exerçons.

Nous avons aussi conclu un partenariat avec la clinique spécialisée pour les affections post-COVID-19 établie à Sherbrooke. Je pense que les patients bénéficient du fait d’être traités par plusieurs professionnels qui connaissent la COVID longue, du moins ce qu’on en sait à ce jour, et qui peuvent parler le même langage.

Quels types de traitements offrez-vous pour la COVID longue?

La liste de déficiences causées par la COVID-19 peut être très longue. Plus de 200 symptômes ont été répertoriés. Lors de notre projet de recherche sur la COVID longue, nous avons mis au point une évaluation en physiothérapie qui cible 11 sphères et systèmes chez le patient, comme la fatigue, les systèmes cardiovasculaire, respiratoire, musculosquelettique, gastro-intestinal, etc.

En fonction des résultats de cette évaluation, nous pouvons traiter le patient en physiothérapie dans toutes les sphères où nous pouvons avoir un effet. Cela peut être la fatigue, la douleur, les systèmes cardiorespiratoire ou vestibulaire, etc. Nous pouvons également diriger le patient vers le bon professionnel lorsque ses problèmes se situent en dehors de notre expertise. L’atout en physiothérapie, c’est qu’on voit nos patients régulièrement et pendant assez longtemps pour observer les problèmes et bien les évaluer. Il est plus facile de faire les suivis nécessaires pour diriger les patients vers les bons soins. C’est un net avantage pour cette clientèle aux multiples besoins.

Comment accompagnez-vous les patients atteints de COVID longue dans leur progression?

Dans la COVID longue, les progrès se font très lentement. Il est important de bien faire comprendre aux patients qu’ils doivent doser l’énergie qu’ils consacrent à leur plan de traitement afin d’éviter de s’épuiser et de régresser. Quand notre patient comprend cela et que les autres professionnels autour du patient intègrent également cette vision, cela fait une belle différence dans la progression du patient.

Pouvez-vous donner un exemple où votre expertise en physiothérapie a fait la différence dans le rétablissement d’un patient?

Avec la COVID longue, il y a souvent des symptômes associés à ce qu’on appelle le syndrome de tachycardie posturale orthostatique (POTS). C’est quand le rythme cardiaque s’élève anormalement lorsque la personne se redresse ou se met debout. Le patient présente souvent des vertiges, un essoufflement, une sensation de palpitation, etc. Deux tests peuvent être réalisés pour valider les symptômes: l’un est fait en cardiologie, l’autre en clinique par un professionnel de la santé comme le physiothérapeute.

J’ai effectué ce dernier test chez une patiente et j’ai transmis les résultats au médecin. Ceux-ci suggéraient qu’elle souffrait de ce syndrome. Le médecin a rapidement prescrit la médication nécessaire et la patiente n’a pas eu à attendre d’obtenir un rendez-vous en cardiologie pour être traitée. Cela l’a grandement aidée avec ses symptômes. Ce sont ces petites victoires qui permettent d’accélérer les choses. Ce cas montre aussi le beau travail d’équipe qu’on peut mettre en place avec le milieu médical dans le traitement de la COVID longue.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.