Les Jeux olympiques représentent le rêve ultime de tout athlète. Une chance de repousser ses limites, d’être reconnu sur la scène internationale et de briller devant des millions de téléspectateurs à travers le monde. Il s’agit également d’une vitrine exceptionnelle pour les pays et d’une source de fierté nationale pour leur population.

Derrière cet évènement plus grand que nature se cachent des milliers d’intervenants et de bénévoles qui contribuent au succès des Jeux. Équipe Canada compte sur une équipe médicale passionnée et expérimentée qui est composée de professionnels comme Raymonde Fortin, copropriétaire et physiothérapeute en chef des cliniques STADIUM PhysiOsteo, sélectionnée comme membre de l’équipe médicale centrale (Core team) de la délégation canadienne.

Une passion qui ne date pas d’hier

Raymonde Fortin n’a pas décidé sur un coup de tête de rejoindre les rangs d’Équipe Canada. C’est une histoire de choix et de cheminement. C’est à l’âge de 12 ans, lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976, qu’elle eut le coup de foudre. Sans savoir comment elle y parviendrait, elle savait déjà qu’elle participerait aux Jeux olympiques un jour, que ce soit comme athlète, comme intervenante ou encore comme officielle.

Son cheminement, s’échelonnant presque sur 20 ans, est marqué par:

  • des études en activité physique et en physiothérapie (profil sport). Mentionnons qu’elle fût la première francophone à compléter une spécialité en physiothérapie du sport. Une formation qui se donnait alors uniquement en anglais.
  • une participation en tant que physiothérapeute du sport aux Jeux du Canada en 1995 et en 1997, aux Jeux paralympiques d’Atlanta en 1996 et de Sydney en 2000, aux Jeux de la francophonie d’Ottawa-Hull en 2001 (chef thérapeute), aux Jeux universitaires à Izmir en Turquie en 2005 (chef thérapeute) ainsi qu’aux Jeux olympiques de Nagano en 1998, de Turin en 2006, de Beijing en 2008, de Vancouver en 2010 et Sotchi 2014 (chef thérapeute).

Lors des Jeux de PyeongChang en Corée du Sud, Raymonde Fortin sera à sa 6ième participation aux Jeux olympiques en tant que membre de l’équipe médicale canadienne sélectionnée par le Comité olympique canadien (COC).

Jeux olympiques et physiothérapie : Raymonde Fortin

Construire une équipe médicale « gagnante » 

Pour un évènement sportif de l’envergure des Jeux olympiques, l’implication du Comité olympique canadien et des intervenants ne se limite pas aux deux semaines de compétitions. Le COC entreprend très tôt les préparatifs pour monter son équipe centrale, composée d’un :

Directeur de clinique (rôle administratif)

Il est responsable de gérer l’équipement des cliniques sur place.

Directeur médical

Ce professionnel de la santé est responsable:

  • de chapeauter toutes les décisions médicales;
  • d’appliquer son droit de véto sur les décisions médicales (au besoin);
  • d’agir à titre de porte-parole officiel au plan médical auprès des médias et d’autres organismes nationaux ou internationaux;
  • d’assumer le rôle de liaison internationale avec les autres équipes et le Comité olympique;
  • d’assumer la responsabilité quant aux décisions finales touchant aux politiques et procédures;
  • d’agir à titre de personne-ressource pour les interactions avec le Comité d’organisation de Jeux olympiques lors de la visite préalable des sites des Jeux.

Médecin-chef et thérapeute-chef

Ils sont responsables:

  • des questions logistiques ainsi que de la gestion de l’équipe médicale. Plus précisément, le médecin-chef agira à titre de personne-ressource au plan médical (auprès des médecins ou des professionnels au plan mental ou nutritionnel) et le thérapeute-chef agira à titre de ressource au niveau paramédical auprès d’une cinquantaine de professionnels, dont une vingtaine de physiothérapeutes et d’autres intervenants;
  • de participer à la visite du site des prochains Jeux en même temps que l’équipe centrale (core team).

Une fois l’équipe centrale créée, les membres travaillent en étroite collaboration pour la sélection ou la validation des divers intervenants qui composeront l’équipe médicale canadienne. Trois procédures existent pour faire partie de l’équipe médicale canadienne:

  1. Travailler préalablement avec les équipes canadiennes (choix interne, organisme national).
  2. Être sélectionné par l’équipe centrale fournie par le COC (en fonction des besoins des équipes). Selon leur expertise, les intervenants sont sélectionnés et attitrés à un sport en particulier.
  3. Être mandaté par un athlète qui en possède le budget. (Au besoin, ces intervenants peuvent être approchés par l’équipe centrale pour agir auprès d’autres athlètes, mais ils ne sont pas considérés comme étant membres officiels de l’équipe canadienne).

En ce qui concerne la sélection du COC, il s’agit d’un long processus d’analyse et de décision qui commence près d’un an avant le début des Jeux. Par ailleurs, bien que des délais existent au niveau des nominations, des ajouts et changements peuvent survenir jusqu’à la dernière minute.

Il arrive même, pendant les Jeux, qu’un intervenant partage son accréditation avec un collègue, puisque les accréditations sont interchangeables. Cela permet de maximiser les ressources et l’espace disponible. Le Comité s’assure toutefois de se familiariser avec le nouvel intervenant.

Préparer les intervenants, les athlètes et le terrain

Il n’y a pas que les athlètes qui doivent arriver sur les lieux de l’évènement bien préparés. Une fois les intervenants de l’équipe médicale canadienne sélectionnés, le travail de préparation débute et s’échelonne sur plusieurs mois, jusqu’à l’ouverture des Jeux olympiques. Outre le travail administratif, plusieurs étapes importantes doivent être franchies par certains intervenants avant le début des Jeux :

  • Apprendre à bien connaitre le sport et la discipline à laquelle on l’a assigné (lecture, conférence, travail de terrain, etc.). Toutefois si un thérapeute travaille déjà avec une équipe nationale, il aura déjà visité le site de compétition puisqu’il est obligatoire, pour le comité organisateur des Jeux, de tenir une compétition internationale préparatoire durant la même saison ou lors de la saison précédente. Dans pareil cas, le thérapeute sera déjà au courant des besoins liés à son sport et ses athlètes. Ainsi, son travail de familiarisation sera plus simple.
  • Comprendre la réalité de l’endroit où se dérouleront les Jeux (alimentation, maladies, etc.).
  • Rencontrer les athlètes pour apprendre à bien les connaitre et vice versa.
  • Échanger avec les autres professionnels autant que possible, pour bien consolider l’équipe et assurer une certaine cohésion dans l’exécution.
  • Visiter les lieux si possible pour se familiariser avec les installations (cliniques, hébergement, etc.).

C’est donc énormément de planification pour les intervenants, qui rappelons-le, doivent pour la majorité poursuivre leurs propres occupations professionnelles entre-temps.

Pour sa part, l’équipe centrale doit entre autres:

  • Visiter les lieux et les installations (pour établir les difficultés et la logistique, étudier le transport, planifier la clinique, s’informer sur la polyclinique locale, comprendre la réalité, etc.);
  • Connaitre les intervenants et les athlètes (établir un esprit d’équipe, etc.);
  • Étudier les politiques et réglementations liées à l’évènement et aux lieux;
  • Préparer un plan d’intervention d’urgence pour l’équipe médicale canadienne. Se familiariser et désigner les différents intervenants de ce plan d’urgence générale du COC visant l’ensemble de la délégation canadienne.
  • Installer les cliniques médicales et assurer une présence constante pour pouvoir répondre à toute demande des membres de l’équipe olympique canadienne au niveau de la santé.

L’équipe centrale travaille fort pour assurer le bon déroulement des opérations médicales et paramédicales lors des Jeux.

Jeux olympiques et physiothérapie

En ce qui concerne PyeongChang, les deux cliniques (zone alpine et zone côtière) seront installées dans les journées du 28 au 30 janvier. Comme à l’habitude, l’équipe centrale déploie de grands efforts pour tout préparer en quelques jours afin d’inviter les intervenants à se familiariser avec l’équipement le plus tôt possible et pouvoir accueillir les athlètes déjà sur place. Ainsi, la clinique sera ouverte un peu plus d’une semaine avant le début des Jeux et fermera un jour après la cérémonie de fermeture.

Dès le commencement des Jeux, l’équipe centrale sera appelée à jouer un rôle de gestion organisationnelle quotidien, afin de s’assurer de maintenir le niveau d’excellence pendant tout l’évènement. Sur place, rien ne doit manquer pour les interventions, cela permet de minimiser les facteurs dérangeants pour les athlètes.

Toutefois, Raymonde Fortin est catégorique sur un point : toute la préparation du monde ne permet pas un déroulement de l’évènement sans surprises. C’est d’ailleurs la flexibilité que demande ce type d’expérience qui, selon elle, rend la chose motivante. Chaque intervenant doit être ouvert d’esprit et prêt à toutes éventualités. En effet, certains facteurs peuvent rendre la pratique plus difficile, par exemple:

  • les zones et les protocoles d’interventions
  • les différents sports, disciplines et types de blessures
  • le transport des blessés
  • les facteurs environnants (épidémie, etc.)
  • les situations de crise (décès, etc.)

Mais qu’importe les difficultés, dès que le coup d’envoi des Jeux de PyeongChang sera donné le 9 février 2018 l’équipe médicale passera en mode action et sera appelée à gérer les crises au mieux de ses connaissances. En étroite collaboration avec le Comité organisateur olympique, l’équipe médicale canadienne tentera de réduire le nombre de blessures, de raccourcir la période d’incapacité des athlètes incommodés, de soigner les blessés et de travailler en équipe afin d’unir les forces et d’offrir des soins de haute qualité aux athlètes canadiens.

Raymonde Fortin mentionne aussi à quel point il est plaisant de participer à un projet plus grand que soi, celui de faire partie de l’histoire sportive du Canada, mais aussi, de faire des rencontres, d’échanger avec des personnalités sportives Canadiennes et internationales ainsi que plusieurs thérapeutes passionnés et compétents. Pour un professionnel de la physiothérapie ou d’un autre domaine de la santé, il s’agit à la fois d’un privilège et d’un honneur de pouvoir participer à un tel évènement. C’est assurément une expérience inoubliable et inestimable.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.