La douleur est définie par l’International Association for the Study of Pain (association internationale pour l’étude de la douleur, IASP) comme étant « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel dommage ».

Parfois une alliée, parfois perçue comme une ennemie à combattre, la douleur est un phénomène complexe qu’il faut bien comprendre lorsqu’on souhaite réussir à l’apprivoiser. Bien qu’elle ait longtemps été considérée comme étant uniquement la conséquence d’une lésion corporelle, tous s’entendent aujourd’hui pour lui attribuer également une composante émotionnelle.

Cette deuxième composante est la raison pour laquelle deux personnes souffrant exactement de la même blessure ou maladie peuvent vivre une expérience douloureuse tout à fait différente. D’une part, il y a l’origine de la douleur (la blessure ou maladie) et, d’autre part, l’aspect émotionnel lié à l’expérience désagréable qui peut engendrer diverses émotions.

En plus de provoquer des émotions souvent négatives, il a été clairement établi que la douleur peut avoir un impact sur le plan social, personnel et professionnel. Par exemple, elle peut engendrer des difficultés dans un couple, diminuer les performances au travail ou l’intérêt envers les loisirs. Une multitude de facteurs influent sur l’aspect émotionnel: l’âge, la culture, la situation familiale, les expériences passées, le stress, etc.

La médecine intégrative: considérer la douleur dans son ensemble

En ce sens, nous constatons que la douleur est un phénomène beaucoup plus complexe qu’il peut le paraître. De là l’importance de l’intervention d’une équipe interdisciplinaire. Composée de plusieurs professionnels ayant différentes forces, cette équipe est généralement formée de médecins, professionnels de la physiothérapie, ergothérapeutes, ostéopathes, massothérapeutes, acupuncteurs, psychologues, etc. Son mandat est de prendre soin d’une personne plutôt que de se limiter à traiter uniquement sa lésion anatomique. Tous les facteurs qui influent sur la santé et le bien-être sont pris en considération. La médecine intégrative offre plus que des traitements, elle fait de la prévention ainsi que de la promotion de saines habitudes de vie tout en considérant les besoins de la personne dans son ensemble. Dans cette optique, lorsqu’elle souhaite aborder un problème lié à la douleur, l’équipe soignante peut faire appel à un programme adapté de gestion de la douleur.

Programme de gestion de la douleur

Ce type de programme est utilisé dans le but d’éduquer le patient. Sous forme d’ateliers, on lui enseigne ce qu’est la douleur ainsi que les facteurs qui ont une influence positive ou négative sur celle-ci. D’abord, on fournit des conseils pratiques afin que le patient adopte une bonne hygiène de vie sur divers plans (sommeil, alimentation, posture, gestion du stress) et puisse reprendre ses activités de manière adéquate. Différentes options sont proposées afin de faire connaître diverses possibilités au patient. Ensuite, il pourra choisir celles qui lui conviennent le mieux en fonction de ses champs d’intérêt et ses besoins particuliers.

Par exemple, outre la médication pour diminuer de la douleur, il est possible d’avoir recours à d’innombrables techniques telles que le yoga, la méditation, l’hypnose, la psychothérapie, etc. Ultimement, le patient est informé et outillé pour optimiser sa santé. Sa relation avec la douleur s’améliore, ce qui lui permet de retrouver le contrôle de sa vie en reprenant ses activités et en subissant moins d’émotions désagréables.

Et le rôle du patient dans tout ça?

Il est le membre le plus important de l’équipe. En effet, il est le point central autour duquel tous les intervenants gravitent. De son côté, l’équipe interdisciplinaire a pour objectif que le patient améliore sa qualité de vie en devenant le plus autonome possible. Elle lui fournit des outils afin qu’il puisse poser les bons gestes au quotidien et mieux vivre avec la douleur. Toutefois, on ne peut envisager une évolution optimale sans la compréhension et la participation active du patient. Ce dernier doit faire preuve d’ouverture et d’engagement dans la démarche.

Les groupes d’entraide

Il est important que la personne qui souffre sache qu’elle n’est pas seule et qu’elle est « normale ». Tous les gens qui vivent avec la douleur ressentent, un jour ou l’autre, des sentiments de peur, de colère, d’impuissance, de déprime, etc. Or, il peut être très bénéfique pour un patient d’échanger avec d’autres personnes qui apprennent à vivre, elles aussi, avec la douleur. D’où la grande pertinence des groupes d’entraide formés dans le cadre d’un programme de gestion de la douleur.

En conclusion

En tant que thérapeutes au sein d’une équipe qui utilise un programme de gestion de la douleur, nous souhaitons le bien-être et l’autonomie de nos patients. Pour cela, nous travaillons à leur faire connaître une multitude d’outils et à leur enseigner à s’en servir. Toutefois, la participation active du patient dans sa démarche vers une meilleure qualité de vie est essentielle.

Plusieurs études sur la douleur continuent d’être publiées et il apparaît de plus en plus clair qu’il existe de nombreuses méthodes complémentaires à la médecine traditionnelle qui ont un impact positif important lorsqu’il est question de gestion de la douleur. Ces données confirment le bien-fondé de la médecine intégrative.

Prendre soin de vous, c’est considérer toutes les options et tenter de trouver quelle combinaison vous convient le mieux.

Gestion de la douleur : annie-eve-moreau

Annie-Ève Moreau a terminé sa technique de physiothérapie au Collège Montmorency en 2009. Elle exerce sa profession à la clinique Physiotech où elle a développé un programme de gestion de la douleur et continue de se perfectionner dans cette sphère de la réadaptation.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.