Mai 2020

Les professionnels de la physiothérapie demeurent engagés dans la lutte contre la COVID-19. Ainsi, les physiothérapeutes et les technologues en physiothérapie (T. phys.) ont été nombreux à se porter volontaires pour aller prêter main-forte dans les CHSLD auprès des populations vulnérables.

Voici les témoignages de deux d’entre eux qui contribuent à titre d’aides préposés aux bénéficiaires. 

Francis Caron, physiothérapeute, CHSLD Sainte-Dorothée de Laval

Pianiste de formation, Francis Caron a mis de côté sa carrière dans la musique pour devenir physiothérapeute et venir en aide à la population. Lorsque la clinique dans laquelle il exerçait a dû fermer temporairement en raison de la pandémie, il s’est porté volontaire pour aller soutenir le réseau de la santé.

À la mi-avril, il a été affecté comme aide préposé aux bénéficiaires au CHSLD Sainte-Dorothée de Laval, alors un des plus grands foyers d’infection de la COVID-19.

Francis Caron
Francis Caron, physiothérapeute depuis 6 ans

Qu’est-ce qui vous a motivé à contribuer face à la pandémie?

J’estime qu’il est de mon devoir de me porter volontaire et de démontrer que les professionnels de la physiothérapie répondent présents et sont équipés pour aider dans cette situation.

En ce moment, à quoi ressemble une journée type d’un aide préposé aux bénéficiaires?

En arrivant le matin, on procède au réveil des bénéficiaires et on les positionne pour qu’ils soient prêts à déjeuner. La majorité d’entre eux a besoin d’aide pour manger. Les repas peuvent donc prendre un certain temps. Ensuite, on leur donne leurs soins corporels: lavage du visage, du dentier, brossage des dents, etc. On les change de position pour prévenir les plaies et on les aide à changer leurs vêtements. On passe aussi beaucoup de temps à désinfecter notre environnement.

Quel est l’apport de votre formation dans vos nouvelles fonctions?

Dès la première année de formation en physiothérapie, un cours entier est dédié à l’apprentissage des notions de base du positionnement et du déplacement sécuritaire des bénéficiaires. Avoir ces connaissances donne une longueur d’avance lorsqu’on prête main-forte auprès des personnes vulnérables. En tant que professionnel de la physiothérapie, on analyse toujours le côté sécurité de nos interventions, ce qui aide grandement dans cette situation.

Qu’est-ce qui a changé depuis la COVID-19?

À mon arrivée au CHSLD, j’ai appris à porter une attention particulière au non verbal pour comprendre les signes que les bénéficiaires m’envoient. L’interprétation de ces signes est d’autant plus importante que certains ne parlent ni français ni anglais.

Comment envisagez-vous l’après-pandémie?

Je vais retourner travailler à la clinique privée Évolution physio de Laval qui m’emploie habituellement, mais je crois que nous sommes encore assez loin d’un retour à la normale. Avec les consignes de distanciation physique, il y aura probablement des changements dans la pratique de la physiothérapie, notamment une utilisation accrue de la téléréadaptation. D’ici là, je reste au front tant qu’on a besoin de moi.

Martine Gariépy, T. phys., CHSLD Joseph-Pierre-Triest

Technologue en physiothérapie au CIUSSS l’Est-de-l’Île-de-Montréal et dotée d’une expertise en réadaptation pulmonaire, Martine Gariépy dispense habituellement des soins de physiothérapie à domicile.

Depuis plusieurs semaines, elle travaille à titre d’aide préposée aux bénéficiaires au CHSLD Joseph-Pierre-Triest, où sa mère réside.

Martine Gariépy
Martine Gariépy, T. phys. depuis 16 ans

Qu’est-ce qui vous a motivé à contribuer face à la pandémie?

Je voulais aller aider directement sur le terrain, car la santé des aînés me tient particulièrement à cœur. Je suis d’ailleurs en train d’effectuer un certificat en gérontologie. C’est difficile de travailler en zone chaude d’infection de la COVID-19, mais cette situation ajoute à mon expérience en soins aux aînés. Exercer au CHSLD où est ma mère réside me permet aussi de la voir.

En ce moment, à quoi ressemble la journée type d’une aide préposée aux bénéficiaires?

Lorsque j’arrive en milieu d’après-midi, je donne une collation aux résidants et je les prépare pour le souper. Une fois qu’ils ont mangé, je les aide à se changer pour la nuit et à se coucher. Je prends aussi le temps de leur parler et de les aider à appeler leur famille.

Quel est l’apport de votre formation en physiothérapie dans vos nouvelles fonctions?

Je ne sais pas ce que je ferais sans ma formation en physiothérapie! En plus de savoir comment maintenir les bénéficiaires actifs en fonction de leur condition. Je sais aussi comment utiliser le lève-personne, comment les aider à se déplacer et à utiliser les aides comme les marchettes et les cannes. Dans ces domaines, j’en profite pour donner des « trucs » aux préposées.

Qu’est-ce qui a changé depuis la COVID-19?

J’ai beaucoup appris des préposées aux bénéficiaires, particulièrement pour l’approche thérapeutique des patients. Elles parviennent à améliorer l’humeur des bénéficiaires en un rien de temps. C’est très impressionnant! Au CHSLD, j’ai aussi l’occasion de travailler en équipe, ce qui est moins courant dans mes fonctions habituelles, que j’exerce au domicile des patients.

Comment envisagez-vous l’après-pandémie?

J’espère sincèrement que le travail essentiel effectué par les préposées aux bénéficiaires sera pleinement reconnu.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.