Plusieurs personnes ont de la difficulté à différencier l’arthrite, l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde. Pourtant, l’arthrite, sous ses différentes formes d’affection, est l’une des principales causes d’invalidité au Canada. Selon Marc Lacelle, physiothérapeute à l’hôpital Jean-Talon, il n’est pas rare qu’un patient confonde ces maux. Le professionnel de la santé clarifie donc ces trois termes.

L’arthrite

Le mot arthrite est composé du préfixe « arthro » qui signifie « articulation » et du suffixe « ite » qui signifie « inflammation ». Il s’agit d’un terme général qui englobe toute forme d’inflammation des tissus, de stade aigüe ou chronique, et pouvant toucher une ou plusieurs articulations.

L’arthrite englobe plus d’une centaine d’affections différentes telle que la bursite, la tendinite, l’arthrite juvénile, l’arthrite psoriasique, la fibromyalgie, l’arthrose et l’arthrite rhumatoïde. Souvent d’origine inconnue, l’arthrite vient majoritairement d’une réaction auto-immune, c’est-à-dire d’un mécanisme d’autodéfense du corps humain s’attaquant à ses propres tissus. L’inflammation peut aussi être causée par une problématique de mécanique articulaire résultant d’un stress inhabituel, prolongé et inapproprié.

Les maladies les plus fréquemment regroupées sous le terme arthrite sont l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde.

L’arthrose 

Comme mentionnée précédemment, l’arthrose fait partie de la grande famille de l’arthrite. Il s’agit d’une réaction inflammatoire de l’articulation due à l’usure prématurée du cartilage. Cette usure est souvent occasionnée par un stress inhabituel ou une blessure à l’articulation.

L’arthrose se développe habituellement sur plusieurs années. Elle peut causer des changements au niveau du cartilage souvent associé à une mécanique articulaire inadéquate ou à une blessure articulaire (genu varum, entorse ligamentaire ou lésion méniscale). Le cartilage peut alors difficilement absorber les forces de mouvement sur son articulation et il en résulte de la douleur, de l’enflure, de la rougeur et parfois même une déformation de l’articulation.

La polyarthrite rhumatoïde

Pour sa part, la polyarthrite rhumatoïde (PR) désigne l’arthrite rhumatoïde, la maladie mais touchant à plusieurs articulations. Elle est une maladie de type auto-immune appartenant aussi à la grande famille de l’arthrite. Cette forme d’arthrite cause un dérèglement du système immunitaire qui, à son tour, s’attaque à ses propres tissus pour provoquer une réaction inflammatoire. Il n’est pas rare que cette maladie auto-immune touche plusieurs articulations.

Les chercheurs sont toujours à la recherche des gènes, qui, en présence de certains facteurs, se modifient pour causer la maladie. Ces facteurs, bien qu’inconnus, pourraient être liés à une infection virale, une maladie ou à certains éléments qui se trouvant dans notre environnement.

Voilà pourquoi une personne qui pense avoir la maladie doit consulter son médecin. Celui-ci fera, entre autres, un bilan sanguin afin d’identifier si certains marqueurs présents dans le sang peuvent confirmer la présence de la maladie. Malheureusement, un seul bilan sanguin ne permet pas, hors de tout doute, de confirmer la présence da la maladie. Il faut faire de nombreuses analyses et investigations s’étalant sur plusieurs années avant d’amasser les indices permettant de diagnostiquer cette maladie arthritique.

Principaux symptômes et facteurs de risque de l’arthrite, l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde

Dans sa phase aigüe, les principaux symptômes de l’arthrose et de la polyarthrite rhumatoïde sont sensiblement les mêmes :

  • douleur aux articulations;
  • gonflement de l’articulation affectée;
  • limitation de l’amplitude articulaire;
  • rougeur et sensation de chaleur au niveau du membre touché;
  • douleur à la mise en charge pour les articulations des jambes (hanche, genoux, chevilles).

L’arthrite touche-t-elle davantage les jeunes ou les moins jeunes?

De façon générale, l’arthrite est susceptible de frapper tout le monde.Voici d’ailleurs quelques statistiques intéressantes provenant de la Société de l’arthrite.

  • 4.6 millions d’adultes canadiens souffrent d’arthrite, et l’on estime que ce nombre pourrait augmenter à 7.5 millions d’ici 2036.
  • L’arthrite arrive au premier rang parmi toutes les causes d’invalidité chez les femmes au Canada. Chez les hommes, elle arrive en troisième place.
  • L’arthrose est la forme la plus courante d’arthrite; elle touche un adulte canadien sur dix. Après l’âge de 60 ans, la maladie atteint autant les femmes que les hommes.
  • L’arthrose peut survenir à tout âge, mais le risque d’en être atteint augmente avec le vieillissement.
  • Au Canada, la polyarthrite rhumatoïde touche 1% de la population, soit environ 300 000 personnes.
  • La polyarthrite rhumatoïde peut survenir à tout âge, mais elle se déclare plus souvent entre 25 et 50 ans. Elle touche trois fois plus de femmes que d’hommes.

Par ailleurs, certaines personnes sont plus à risque de souffrir d’arthrose, par exemple les personnes avec un surplus de poids ou encore les personnes sédentaires. Aussi, comme l’arthrose est un phénomène mécanique généralement dû à l’usure des cartilages, elle se retrouve conséquemment plus souvent chez les personnes vieillissantes. 

Contrairement à la croyance populaire, les sportifs ne sont pas nécessairement plus à risque. Cependant, il est important pour eux de s’assurer que leur mécanique corporelle convient au sport pratiqué. Il faut aussi doser l’activité physique en respectant l’intensité, la durée, l’effort et les temps de repos.  

Selon certaines de nos sources, l’alimentation et les facteurs environnementaux pourraient aussi avoir un effet sur la maladie.

Que peut-on faire pour prévenir, soigner ou apaiser ce mal?

Il est important de comprendre que l’on ne guérit pas totalement d’une maladie arthritique. Néanmoins, différents traitements, notamment en physiothérapie, peuvent aider à apaiser les symptômes, minimiser les crises inflammatoires ou, du moins, limiter les dégâts engendrés par celle-ci.

Voici quelques conseils pour prévenir les symptômes de l’arthrite.

  • Maintenir un poids santé.
  • Choisir des activités sportives adaptées à notre mécanique corporelle.
  • Suivre un programme d’entrainement musculaire pour renforcer et donner de la souplesse au corps.
  • Faire de l’activité physique sur une base régulière. 
  • Consulter un professionnel de la physiothérapie, un kinésiologue ou encore un éducateur physique pour apprendre à s’entrainer adéquatement (durée, intensité, etc.).

La physiothérapie pour apaiser les douleurs

L’arthrite entraine souvent des douleurs ou de l’inflammation, pouvant mener à des raideurs et de l’inconfort. Quoiqu’il ne puisse pas guérir ce mal, le professionnel de la physiothérapie peut intervenir pour apaiser certains symptômes.  Par différentes techniques, il travaillera à diminuer l’inflammation, à conserver la mobilité ainsi qu’à renforcer vos muscles sans trop irriter l’articulation.

La physiothérapie peut jouer un rôle important autant lors de la phase aigüe que de la phase chronique de la maladie :

  • en utilisant différentes modalités pour diminuer la douleur et l’inflammation;
  • en aidant à minimiser le stress dans les cas favorables à l’arthrose, entre autres par des exercices et des recommandations;
  • en soulageant et en aidant à conserver ou à récupérer la mobilité articulaire dans les cas de polyarthrite rhumatoïde;
  • en suggérant des exercices pour améliorer ou maintenir la force, la forme, l’endurance et la souplesse des muscles à proximité des articulations pouvant être atteintes par la maladie arthritique.

L’arthroplastie, une solution envisageable

L’arthroplastie consiste au remplacement chirurgical d’une articulation par, ce que l’on appelle, une prothèse totale. Cette procédure procure un soulagement et un meilleur fonctionnement de l’articulation chez les patients qui ont beaucoup de douleur et de la difficulté à vaquer à leurs tâches régulières ou encore chez ceux qui présentent des déformations mécaniques importantes.

Les cas les plus fréquents d’arthroplastie visent les hanches et les genoux. L’efficacité, le taux de réussite et la durée des prothèses (qui est de plus de 20 ans) sont remarquables. L’arthroplastie s’avère être un correctif valable, mais également une chirurgie qui permet aux patients d’espérer recouvrer une vie relativement normale.

En maintenant de bonnes habitudes de vie axées sur la mobilité, le renforcement, l’endurance et la souplesse, le patient retrouvera la qualité de vie qu’il avait avant la maladie.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.