À l’occasion du mois de la physiothérapie, l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ) met en lumière la variété des milieux de soins dans lesquels la physiothérapie peut offrir une aide déterminante aux patients. Entretiens avec des physiothérapeutes et des technologues en physiothérapie qui illustrent à quel point être au bon endroit, au bon moment, fait toute la différence pour la population.
Rencontre avec Anthony Barabé, physiothérapeute exerçant à l’urgence
Physiothérapeute depuis 1999, Anthony Barabé a travaillé une dizaine d’années en clinique privée avant d’obtenir un poste de physiothérapeute dans le réseau public. Il a notamment exercé au sein de la clinique de la douleur et de la clinique externe en orthopédie du CHU de Québec-Université Laval ainsi qu’auprès des patients hospitalisés. Depuis deux ans, il fait partie de l’équipe de physiothérapeutes en charge de l’urgence à cet établissement.
À quel moment intervenez-vous comme physiothérapeute à l’urgence?
À l’urgence, je peux intervenir à deux moments. J’interviens auprès des patients sur des civières qui se sont présentés pour des maux de dos tellement douloureux qu’ils n’arrivent plus à se déplacer, par exemple, ou à la suite d’une chute. Dans ce contexte, l’urgentologue me demande mon avis pour savoir s’il est sécuritaire de donner son congé au patient.
Je peux aussi être appelé à intervenir au moment du triage. Les patients concernés se sont présentés à l’urgence pour des douleurs aux genoux, à la cheville, au bas du dos, etc., pour une douleur survenue à la suite de la pratique d’un sport ou encore pour une douleur chronique. Une fois que l’infirmière au triage détecte qu’il s’agit d’un cas musculosquelettique, j’entre en jeu, avant même que le patient ait consulté l’urgentologue. Recourir à l’expertise d’un physiothérapeute dans ce contexte est très novateur.
Comment se déroulent les consultations en physiothérapie à l’urgence?
Dans tous les cas, je commence par évaluer le patient. Si je détecte un problème qui n’est pas musculosquelettique et qui doit être pris en charge médicalement, le patient doit voir l’urgentologue dans un deuxième temps. Comme nous avons déjà évalué le patient et éliminé une cause musculosquelettique, l’urgentologue peut alors se concentrer sur d’autres avenues plus complexes. Cela constitue un gain de temps indéniable.
Quand il s’agit d’un problème musculosquelettique, j’interviens directement auprès du patient, en lui indiquant précisément ce qu’il doit faire et ce qu’il devrait éviter de faire dans les prochaines 48 à 72 heures, avant d’être vu par son médecin de famille ou par un autre physiothérapeute qui assurera le suivi de sa condition. Je peux ensuite lui donner son congé rapidement. Cette façon de procéder a l’avantage de créer une fluidité à l’urgence et de permettre aux urgentologues de se concentrer sur les cas pour lesquels ils ont besoin d’intervenir.
Quels sont les avantages pour les patients qui consultent un physiothérapeute à l’urgence?
Selon moi, la prise en charge des patients présentant un problème musculosquelettique se trouve bonifiée par la présence des physiothérapeutes à l’urgence pour deux raisons. Nous détenons une expertise dans ce domaine et nous sommes en mesure de consacrer plus de temps aux patients, notamment pour répondre à leurs questions et faire en sorte qu’ils soient bien outillés.
Si leur condition le permet, le physiothérapeute peut leur donner congé. C’est un autre avantage pour les patients de pouvoir quitter l’urgence sans trop attendre.
Par ailleurs, les patients ont moins besoin de reconsulter après avoir vu un physiothérapeute pour un problème musculosquelettique. Ils ont aussi moins besoin de médication et subissent moins d’examens d’imagerie médicale. Tout cela constitue une véritable plus-value pour eux.
Exercer la physiothérapie aux urgences, qu’est-ce que cela représente pour vous?
Sur le plan professionnel, il est particulièrement motivant d’avoir l’autonomie permettant de donner congé aux patients sans qu’ils aient à voir un médecin de l’urgence. Je suis fier de contribuer à la diminution du temps d’attente.
Notre expertise est reconnue par les urgentologues. Il n’est pas rare qu’ils demandent notre avis professionnel lors de consultations où un problème musculosquelettique est soupçonné. Ils voient ce que nos interventions apportent aux patients.
Je trouve très stimulant de voir qu’à petits pas on améliore notre réseau de la santé.
Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.