Mai 2020
À l’occasion de la journée des technologues en physiothérapie (T. phys.) et du mois de la physiothérapie, l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec présente les témoignages de trois T. phys. engagés dans la lutte contre la COVID-19.
Qu’ils dispensent des soins de physiothérapie ou prêtent main-forte à titre d’aides préposés aux bénéficiaires dans le cadre de la pandémie, ces professionnels de la physiothérapie se caractérisent par leur professionnalisme et leur dévouement auprès des patients.
Valérie Lemay, T. phys., CHSLD du Boisé de Sainte-Thérèse
Habitée d’un profond désir d’aider les plus vulnérables de notre société, Valérie Lemay travaille CISSS des Laurentides avec une clientèle gériatrique qui a été hospitalisée récemment et qui a besoin de réadaptation pour un retour à domicile sécuritaire.
À la mi-avril, elle a été appelée à prêter main-forte à titre de T. phys. au CHSLD du Boisé de Sainte-Thérèse.
Qu’est-ce qui vous a motivé à contribuer face à la pandémie?
En tant qu’employé en centre de réadaptation, j’ai eu à faire face à plusieurs éclosions d’influenza, de gastroentérite et de C. difficile. La COVID-19 est beaucoup plus dévastatrice, travailler en cette période de pandémie me donne donc l’occasion faire une différence.
En ce moment, à quoi ressemble la journée type d’une T. phys. dans un CHSLD?
La journée commence avec une réunion d’équipe durant laquelle on discute des plus récents développements de la pandémie et du plan de match de la journée. Au fil de la journée, je m’assure que les bénéficiaires conservent leur mobilité et qu’ils s’hydratent bien, je leur enseigne les bonnes pratiques d’hygiène et je les aide à s’alimenter.
De plus, j’appelle les familles pour leur donner des nouvelles et j’offre mon support moral aux bénéficiaires. Je fais aussi des exercices avec eux pour prévenir la perte d’autonomie.
Quel est l’apport de votre formation en physiothérapie dans ce travail auprès des populations vulnérables?
Les techniques de transfert et de déplacement des aînés enseignées lors de notre formation sont particulièrement utiles, tout comme celles pour stimuler et favoriser l’autonomie de la personne.
J’ai aussi suivi plusieurs formations sur les troubles d’équilibre chez les aînés, les différents types de démence, la relation d’aide, l’approche adaptée et la neurologie.
Qu’est-ce qui a changé depuis la COVID-19?
J’ai pris conscience du rôle de chacun des intervenants et de notre interdépendance. Chacun d’entre nous a à cœur les personnes âgées et leur bien-être.
J’ai aussi réalisé à quel point il est important que tout le monde respecte avec rigueur les consignes d’hygiènes pour éviter la propagation de la COVID-19. C’est vraiment un travail d’équipe.
Comment envisagez-vous l’après-pandémie?
J’aimerais obtenir un autre certificat pour compléter mon baccalauréat en administration afin de devenir gestionnaire dans le domaine de la santé. Je souhaite aussi continuer d’approfondir mes connaissances pour mon travail que j’adore et qui m’apporte un sentiment d’accomplissement au quotidien.
Christian Leblanc, T. phys., CHSLD Grace Dart de Montréal
Après avoir œuvré dans les milieux du théâtre et de la danse au début de son parcours professionnel, Christian Leblanc a commencé sa formation de T. phys. à l’âge de 39 ans.
Il s’est porté volontaire pour venir en aide au réseau de la santé et exerce actuellement en tant qu’aide préposé aux bénéficiaires en raison de la pandémie de COVID-19.
Qu’est-ce qui vous a motivé à contribuer face à la pandémie?
Comme j’étais déjà en T. phys. en CHSLD quand la pandémie s’est déclarée, j’ai ressenti un fort besoin d’aider. Juste avant de faire la transition de T. phys. à aide préposé aux bénéficiaires, j’ai passé deux semaines à aider à préparer une nouvelle unité de type CHSLD destinée à accueillir les patients en surplus dans les hôpitaux.
Je me suis senti investi auprès des bénéficiaires et des collègues face à la crise et j’ai décidé de prêté main-forte en tant qu’aide préposé aux bénéficiaires.
En ce moment, à quoi ressemble la journée type d’un aide préposé aux bénéficiaires?
Je dirais que je passe la majorité de la journée à faire deux tâches: assurer l’hygiène des bénéficiaires et les aider à manger. Ce n’est pas facile, particulièrement avec les cas de démence et ceux qui sont atteints du virus. Les journées passent très vite, car nous sommes constamment occupés.
Quel est l’apport de votre formation en physiothérapie dans vos nouvelles fonctions?
Au moment où j’effectuais ma formation pour devenir T. phys., j’ai travaillé comme préposé aux bénéficiaires au centre de soins Lucie-Bruneau, donc j’avais quelques repères. Je suis aussi formateur Principes pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB), ce qui fait que j’ai les connaissances nécessaires pour déplacer les bénéficiaires.
Qu’est-ce qui a changé depuis la COVID-19?
Je comprends mieux ce que les préposés vivent maintenant que je l’ai fait moi-même. Je réalise aussi que certaines consignes que je donne dans les formations sont plus difficiles à appliquer que je ne l’aurais cru.
Cette crise m’a également permis de continuer de développer mon sens de la communication avec les bénéficiaires, qui est déjà une de mes forces.
Comment envisagez-vous l’après-pandémie?
On a vraiment l’impression d’être en guerre en ce moment, on doit composer avec la mortalité et certains travailleurs sont vraiment anxieux. Une chose est sûre, je vais continuer ma mission auprès des aînés, je ne peux pas les lâcher. Je pourrais faire de l’aide communautaire avec les aînés pour les diriger vers les bonnes ressources.
Martin Poirier, T. phys., hôpital Sainte-Anne
Avant la pandémie de COVID-19, le T. phys. Martin Poirier prodiguait des soins à domicile pour le CLSC Dorval-Lachine et supervisait régulièrement des stagiaires. Il a été appelé en renfort le 23 mars auprès de l’unité de réadaptation intensive de l’hôpital Sainte-Anne pour une durée de cinq semaines.
Qu’est-ce qui vous a motivé à contribuer face à la pandémie?
Je voulais aider. Je me suis porté volontaire dès le début de la pandémie pour faire ma part. Il y a un certain stress qui vient avec une telle décision, mais ça m’a fait plaisir d’entrer en poste dans mon nouveau milieu de travail.
À quoi ressemblait la journée type d’un T. phys. à l’hôpital?
J’ai dispensé des traitements de physiothérapie à huit résidants par jour. J’ai rassuré aussi certains patients qui avaient peur de contracter le virus.
Comme les visites étaient limitées, j’ai joué un rôle de support familial auprès des résidants pendant cette période difficile. Le côté humain de la physiothérapie était encore plus important que jamais.
Quel est l’apport de votre formation en physiothérapie dans ce contexte?
Notre formation fait de nous des professionnels polyvalents. L’empathie est un trait qui est fortement développé au cours de la formation et il va sans dire que c’est extrêmement important dans une période comme celle que nous vivons.
L’écoute active est aussi une qualité professionnelle très utile et qu’on développe dès le début de la formation.
Qu’est-ce qui a changé depuis la COVID-19?
Pour la première fois, j’ai fait de l’éducation auprès des professionnels de la santé. C’était différent de la supervision de stagiaires et du mentorat. C’était aussi très intéressant et enrichissant. Demander à mes collègues comment ils vont et comment s’est passée leur journée est plus que jamais devenu un réflexe.
Comment envisagez-vous l’après-pandémie?
Il est difficile d’imaginer la suite des choses. Les professionnels de la physiothérapie vont relever un gros défi collectif en continuant de dispenser des soins à proximité des patients tout en garantissant leur sécurité. Je travaille d’ailleurs actuellement dans la cellule de crise d’un CLSC dédiée à la mise en place de mesures d’hygiène et de protocoles de soins adéquats.
Le saviez-vous?
Deux professionnels de la santé œuvrent dans le domaine de la physiothérapie: le technologue en physiothérapie (T. phys.) et le physiothérapeute.
Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.