Chaque année, le soccer compte de plus en plus d’adeptes de tout âge! Bien qu’il soit reconnu comme une excellente activité pour garder la forme, il comporte tout de même son lot de blessures. Le genou est l’une des parties du corps les plus touchées lorsqu’on pratique cette activité.

Simon Alary est physiothérapeute depuis plus de 25 ans. Répondant sportif habitué des terrains de soccer, il nous fait part de son expérience dans le domaine et nous prouve que ces blessures peuvent être prévenues et traitées.

Quelles sont les blessures les plus fréquentes au genou?

Les petits et les gros bobos

Avant de parler de blessures au genou, il est important de rappeler que le soccer est un sport d’impact et de contact où les petits « bobos » sont récurrents (crampes, bleus, éraflures, ecchymoses, etc.), et ce, qu’il s’agisse d’une séance d’entraînement ou d’un match. L’équipement léger, le ballon dur, les autres joueurs sur le terrain sont autant de facteurs qui contribuent à ces petits traumatismes. Cependant, que l’on parle de blessures graves ou de « bobos », les blessures à la cheville et au genou restent les plus fréquentes.

L’entorse ligamentaire

Blessure traumatique, l’entorse ligamentaire est une torsion de l’articulation entraînant un étirement, une déchirure, voire une rupture du ligament. Le ligament latéral interne du genou et le ligament croisé antérieur sont principalement touchés.

La douleur ressentie est intense et instantanée. Une enflure peut également apparaître bien que cela puisse prendre plusieurs minutes. Cette blessure provoque aussi un manque d’amplitude articulaire au genou, impliquant des difficultés à marcher, à tendre ou à plier le genou. Bien que les entorses ligamentaires touchent tous les types de joueurs de soccer, de nombreuses études démontrent qu’elles sont plus fréquentes chez les filles.

Soccer et blessures au genou : schémas

Les douleurs patellaires

Blessure de surutilisation (et parfois traumatique), les douleurs patellaires sont une affection du genou caractérisée par une douleur profonde dans l’articulation fémoro-patellaire située au niveau de l’avant du genou. L’apparition de ces douleurs est plus graduelle que pour les blessures ligamentaires, mais elles peuvent devenir de plus en plus intenses et gênantes pour le sportif.

Elles se manifestent souvent à la fin des parties de soccer et se font ressentir lors de certaines activités de la vie quotidienne (monter un escalier, s’accroupir pour ramasser quelque chose, etc.).

La tendinopathie rotulienne

Blessure de surutilisation (et parfois traumatique), la tendinopathie rotulienne est une problématique causant une dégénérescence, une inflammation et une irritation du tendon rotulien. Les douleurs se situent principalement sur le devant du genou, mais plus bas que les douleurs patellaires.

Même si la zone touchée est différente, les symptômes de cette pathologie ainsi que le traitement sont similaires à ceux des douleurs patellaires. La tendinopathie rotulienne se manifeste beaucoup chez les joueurs ayant un rythme de pratique intensif, comme les jeunes qui appartiennent à un programme sport/études et jouent au soccer tous les jours.

Soccer et blessures au genou : qui sont les responsables?

Le terrain : entre naturel et synthétique, mon cœur balance

Plusieurs études démontrent que les terrains naturels causent plus de blessures que les terrains synthétiques (75 % versus 25 %). Un terrain naturel est fragile et demande beaucoup d’entretien pour que sa jouabilité soit adéquate (hauteur de l’herbe, trous, dénivelés, humidité, durcissement à cause du manque d’arrosage, etc.). Il suffit que l’herbe soit trop haute, qu’il y ait un dénivelé ou encore des trous pour que le joueur se blesse. De plus, lorsque le joueur évolue sur un terrain naturel, il a tendance à utiliser des crampons plus longs, ce qui rend le pied plus fixe et le prédispose aux torsions.

Le terrain synthétique demande également de l’entretien. Plus le terrain vieillit, plus il durcit. Même si le terrain est neuf, certains joueurs pourront le trouver plus dur qu’un terrain naturel.  

Le saviez-vous?

Terrain synthétique ou terrain naturel — le cas de Didier Drogba

Depuis l’arrivée de Didier Drogba à l’Impact de Montréal, on entend souvent parler dans les médias des effets néfastes des terrains synthétiques sur les genoux des joueurs de soccer. Pourtant, dans le cas des jeunes joueurs, le terrain naturel reste la surface de jeu comportant le plus de risques de causer des blessures. Cependant, plus le joueur vieillit et plus ses articulations s’usent, plus la tendance s’inverse. En effet, le terrain synthétique est plus dur (béton, surface rigide, etc.) et moins moelleux que le terrain naturel. Les chocs sont donc moins bien absorbés par le terrain. De plus, il est important de se rappeler que les terrains naturels où les joueurs professionnels évoluent sont très bien entretenus. Le risque de blessure y est donc moins important que pour les joueurs amateurs qui évoluent sur diverses surfaces et sur des terrains moins bien entretenus.

Les facteurs intrinsèques: ma différence fait une différence

Nous avons tous une morphologie et des caractéristiques physiques différentes. Ces différences peuvent avoir un impact sur nos risques de blessures (fragilité ligamentaire, faiblesse du tronc, manque de souplesse, bassin plus large, genoux valgum ou en X, déséquilibre musculaire, etc.). Les facteurs intrinsèques ont beaucoup d’importance pour les joueurs de soccer et principalement pour les femmes, parce qu’ils augmentent le risque de blessures. Par exemple, une joueuse ayant une faiblesse au tronc aura moins d’équilibre et de stabilité, ce qui pourra provoquer des blessures au genou ou ailleurs.

Le surentraînement: du pour et du contre

Le surentraînement va emmener son lot d’irritation et d’inflammation du genou. Ce facteur se manifeste beaucoup chez les joueurs qui appartiennent à un programme sport/études et pratiquent le soccer tous les jours. Bien qu’à force de jouer tous les jours, ils développent une force musculaire, de l’endurance et d’autres capacités physiques importantes, le surentraînement et la fatigue contribuent tout de même à fragiliser les tendons, les articulations et les ligaments du joueur.

Les crampons: attention, ça pique !

Plus le crampon est long, plus le risque de blessures est important. Même si au Canada les crampons en métal sont permis, ils restent très dangereux. De plus, si les joueurs évoluent sur un terrain naturel, ils auront tendance à utiliser des crampons plus longs pour favoriser l’adhérence. L’utilisation de ce type de crampons augmente grandement le risque de blessures.

Prévention des blessures au genou: de bonnes nouvelles en perspectives

Quand on parle de prévention des blessures au soccer, trois constats sont à retenir.

  • Choisir la bonne chaussure : la chaussure de soccer doit être choisie en fonction du terrain sur lequel vous pratiquez le plus souvent. Les crampons ne doivent pas être trop longs. Il est possible d’opter pour une chaussure mixte avec des crampons moins longs.
  • Bien s’échauffer : l’échauffement est primordial avant chaque pratique de soccer et a pour objectif de préparer le corps à l’activité sportive. Certains programmes d’échauffement, comme le FIFA 11+, ont fait leurs preuves et contribuent fortement à la diminution des blessures sur le terrain
  • Bien s’hydrater : le soccer étant un sport qui stimule beaucoup le système cardiovasculaire, il est important de bien s’hydrater, et ce, régulièrement.

Traitements des blessures au genou et physiothérapie: une alliée sûre pour votre retour au jeu

Que l’on parle de blessures ligamentaires, patellaires ou rotuliennes, il est évident que ce sont des blessures importantes et il est donc recommandé de consulter rapidement.

Les traitements de physiothérapie demeurent très efficaces, voire incontournables, quand on parle de blessures au genou. Le but de la physiothérapie sera de maximiser la guérison et la récupération du corps afin de préparer le sportif pour le retour au jeu. Pour cette raison, les programmes d’exercices neuromusculaires font partie intégrante des traitements en physiothérapie et permettront de travailler les mouvements spécifiques au sport.

Le professionnel de la physiothérapie déterminera quels sont les facteurs problématiques (manque d’équilibre, manque de force, faiblesse musculaire, etc.) afin de diminuer leur importance ou de les résoudre.

Dans le cas des blessures ligamentaires, il est possible que la chirurgie soit obligatoire. Cependant, les traitements en physiothérapie pourront être effectués avant et après l’opération.

Enfin, certaines blessures comme les tendinopathies rotuliennes ou les blessures ligamentaires peuvent demander un temps de repos ainsi qu’une aide (un soutien matériel) pour le retour au sport. Des tapings ou encore des orthèses pourront être utilisés pendant l’activité physique ou en dehors de cette dernière.

Conseil d’un professionnel de la physiothérapie

Même s’il est parfois difficile de faire la part des choses entre un « bobo » et une blessure plus grave, M. Alary conseille de toujours consulter un médecin ou un professionnel de la physiothérapie si la douleur persiste. N’attendez pas de ne plus pouvoir bouger votre genou avant de consulter.

Simon Alary est physiothérapeute depuis plus de 25 ans. Diplômé en traumatologie sportive, il s’implique depuis le début de sa carrière dans le domaine sportif et auprès de plusieurs clubs de hockey, de soccer, etc. Il est premier répondant sportif en tant que consultant pour l’Association de soccer de Blainville depuis plus de neuf ans.

Veuillez noter que les informations proposées dans cet article représentent les opinions de professionnels de la physiothérapie reconnus pour leur expérience et leurs compétences dans le domaine. Ces propos ne doivent cependant pas être considérés comme une position officielle de l’Ordre sur un sujet donné. Si vous souhaitez participer à la réalisation d’un de nos prochains articles de blogue, nous vous invitons à nous écrire à communications@oppq.qc.ca.